N°143 : Nature / Culture : ancrage, expériences, récits

Dans notre société, nous avons hérité d’une conception du monde où la nature et la culture constituent deux entités distinctes. Les institutions universitaires, muséales et patrimoniales, pour ne donner que ces exemples, sont issues de cette pensée dualiste.

Pourtant, depuis plusieurs décennies, nous observons au sein d’un bon nombre d’entre elles une volonté de réconcilier la nature et la culture, tant dans leurs objets d’étude scientifique que dans leurs programmes de conservation et d’interprétation. Il en va ainsi de l’histoire environnementale, où l’on entend l’histoire comme une interaction dynamique entre l’être humain, y compris sa culture, et la nature. Il en va de même dans plusieurs organismes patrimoniaux et muséaux, où l’on cherche à tisser une passerelle, à créer des liens entre la nature et la culture. 

Mais dans un cas comme dans l’autre, que ce soit par des approches pluridisciplinaires ou dans des modes de recherche ou de gestion, une vision harmonisée de la nature et de la culture demeure souvent un objectif complexe à atteindre pour maintes institutions. Plus encore, pour certaines d’entre elles, sa poursuite suscite des résistances, voire un refus d’y adhérer. A contrario, comme l’illustrent les institutions des nations autochtones, où les concepts de nature et de culture se chevauchent au lieu d’être dichotomiques, la question des rapports entre nature et culture ne se pose pas toujours en ces termes.

Comme la conception du rapport de l’être humain avec la nature est multiple au Québec, tant sur le plan organisationnel qu’en matière de recherche, le présent numéro de Cap-aux-Diamants traitera de cette dynamique au moyen de témoignages et d’études de cas.

Comme la conception du rapport de l’être humain avec la nature est multiple au Québec, tant sur le plan organisationnel qu’en matière de recherche, le présent numéro de Cap-aux-Diamants traitera de cette dynamique au moyen de témoignages et d’études de cas. Provenant de divers horizons professionnels, que ce soit des sciences de la nature ou des instances culturelles, les auteures et auteurs de ces textes offrent un aperçu des idées et des pratiques, en s’interrogeant autant sur cette dichotomie que sur les moyens de mieux l’intégrer dans une perspective participant à son renouvellement.

Alain Gelly, historien, Parcs Canada