N°142 : Codex canadensis, une énigme de la Nouvelle-France

C’est en cherchant des documents liés à la Nouvelle-France, mystérieusement disparus aux États-Unis, que je suis tombé sur le Codex canadensis.

Je menais alors une enquête sur Léo Leymarie (1876 - 1945), un journaliste français, qui a puisé – souvent illégalement – de beaux manuscrits des deux côtés de l’océan, pour les revendre à de riches collectionneurs américains.

Mon ami archiviste, Victorin Chabot de Bibliothèque et Archives Canada, a alors attiré mon attention sur ce carnet de dessins exceptionnel : « Tu devrais jeter un coup d’oeil au Codex canadensis. Je n’ai jamais compris comment ce livre a pu se retrouver en Oklahoma ! » m’a-t-il lancé dans le hall d’accueil de l’institution à Ottawa. Trouvant ce nom enchanteur et son mystère riche de promesses, je l’ai noté consciencieusement sur mon carnet. J’étais alors loin de penser que plus de deux ans après, je serai en pleine conception d’un numéro de Cap-aux-Diamants sur la question.

Voilà un document, rempli de dizaines de croquis originaux, qui relaye la vision très humaine d’un jésuite du XVIIe siècle, marchant dans une nature différente de son vieux continent, entouré d’hommes qui le fascinent et qu’il ne comprend pas toujours.

Il faut dire que tout est hors norme dans ce dossier. Voilà un document, rempli de dizaines de croquis originaux, qui relaye la vision très humaine d’un jésuite du XVIIe siècle, marchant dans une nature différente de son vieux continent, entouré d’hommes qui le fascinent et qu’il ne comprend pas toujours. Les légendes qui accompagnent les dessins sont d’ailleurs, autant d’énigmes à résoudre. Ce magnifique objet, longtemps absent de tous les catalogues, a refait surface aux débuts des années 1930, à Paris, pour finir sa course dans la collection d’un magnat du pétrole à Tulsa en Oklahoma.

Autant de critères suffisants pour faire du Codex canadensis un objet d’étude fascinant. Une quête, dans laquelle m’ont assisté d’autres membres de la Société historique de Montréal qui ont su poursuivre, avec moi, celle du grand historien de l’art François-Marc Gagnon. Nous profitons de cette édition de Cap-aux-Diamants pour rendre hommage à cet homme disparu, sans qui cette Joconde québécoise serait toujours inconnue sur sa terre d’origine.

Sylvain Lumbroso