N° 162 : Québec face aux Américains : L'invasion de 1775-1776

Redécouvrir le siège de Québec de 1775
Il y a 250 ans, dans la froideur de décembre 1775, la ville de Québec faisait face à l’un des épisodes militaires les plus marquants de son histoire : l’assaut de l’armée continentale menée par Richard Montgomery et Benedict Arnold. Si l’attaque échoue, le siège qu’impose les troupes américaines à la ville jusqu’au printemps 1776 marque profondément les esprits de l’époque. Québec sort de ce siège avec un bâtiment – et pas le moindre – en moins. Le palais de l’intendant, qui avait survécu au siège de 1759, n’est plus qu’un amas de ruines. Cet événement a également d’importantes répercussions sur le développement de la ville ainsi que sur les relations entre les Canadiens et les nouveaux dirigeants britanniques. Les années qui suivent amènent la construction de nouvelles infrastructures défensives, telles que la citadelle et les tours Martello, ainsi que la consolidation de la présence britannique dans la vallée laurentienne, notamment grâce aux nombreuses concessions de la nouvelle métropole aux Canadiens dans ce contexte.
À l’occasion de cet anniversaire, toute une série d’événements sont prévus au cours de l’année sous l’égide de la Société du patrimoine urbain de Québec grâce au soutien du ministère de la Culture et des Communications du Québec via son appel de projets pour le soutien aux initiatives de commémoration : exposition présentée à la Maison de Nos Aïeux, puis à l’Îlot des Palais, conférences sur l’île d’Orléans et à Québec, colloque et bien plus encore. Ce numéro de Cap-aux-Diamants s’inscrit dans la foulée de ces initiatives en proposant sept articles revisitant le siège de Québec et les événements qui se sont déroulés dans la vallée du Richelieu au cours de cette année.
Luc Nicole-Labrie offre une synthèse du siège en replaçant l’événement dans le cadre plus large de l’invasion américaine de 1775-1776. Marie-Florence Bouchard explore les impacts de ce conflit sur le palais de l’intendant alors qu’Alex Tremblay Lamarche nous entraîne derrière les portes du monastère des Ursulines. Les religieuses ont beau être cloîtrées, elles n’en sont pas moins au courant de l’attaque de Québec. Même si c’est la ville que les Américains assiègent, les campagnes environnantes n’en sont pas moins affectées, leurs habitants devant se ranger derrière la Couronne ou faire le pari de soutenir l’envahisseur. Raphaël Boivin-Fournier nous le montre en exposant le cas de l’île d’Orléans. Deux articles nous entraînent dans la vallée du Richelieu rappelant au passage que la rivière a été un axe d’invasion important au cours du conflit. Alain Gelly, David Ledoyen et Mathieu Paradis mettent en évidence que, tout comme sur l’île d’Orléans, les allégeances ne sont pas gagnées d’avance alors que Marijo Gauthier-Bérubé met en lumière l’importance du chantier naval du fort Saint-Jean dans la reconquête du lac Champlain. Enfin, Joseph Gagné réfléchit à la commémoration de l’événement lors de son bicentenaire.
À l’heure où les relations entre les Américains et les Canadiens sont plus que jamais au cœur des préoccupations, il importe de regarder l’évolution de ces rapports dans la longue durée. Ce numéro de Cap-aux-Diamants se veut donc autant une occasion de redonner à cet événement la place qu’il mérite dans la mémoire collective que de (re)découvrir cet épisode où les Américains désiraient faire du Canada… la 14e colonie!
Bonne lecture,
Alex Tremblay Lamarche, historien