N° 151 : Indispensables sociétés d'histoire

Pour une histoire des sociétés d’histoire locale et régionale au Québec.

Les sociétés d’histoire locale et régionale œuvrent dans le paysage québécois de la recherche et des loisirs culturels depuis plus d’un siècle. Pourtant, on connait mal le portrait d’ensemble de ces sociétés depuis l’époque pionnière des fondateurs jusqu’à la diversification contemporaine de leurs activités. Certaines peuvent afficher une feuille de route continue et bien remplie, alors que d’autres ont connu des périodes plus difficiles avant d’entreprendre une relance spectaculaire. À cela, il faut ajouter les nouvelles sociétés d’histoire et de généalogie fondées plus récemment et qui ont rejoint ce mouvement de valorisation de la mémoire collective.

Dans toutes les régions du Québec, ainsi que dans les quartiers urbains de Montréal et de Québec, les sociétés d’histoire ont pu compter sur des milliers de membres, animés par des bénévoles particulièrement motivés, pour s’approprier la mémoire de leur milieu de vie et faire connaître l’importance de ce patrimoine matériel et immatériel. Si les personnes retraitées sont fort actives au sein de ces sociétés, on note aussi la présence croissante des jeunes générations, particulièrement pour le traitement de fonds d’archives et l’animation de circuits patrimoniaux.

Le phénomène de la multiplication des sociétés d’histoire depuis les années 1970, n’est pas sans lien avec l’action citoyenne pour la défense et l’illustration la valorisation du patrimoine, incluant le patrimoine archivistique et les musées de société.

Dans de ce numéro 151 de Cap-aux-Diamants, différents aspects sont abordés pour analyser et illustrer l’empreinte des sociétés d’histoire et de généalogie comme agents de transmission de la culture. En remontant aussi loin qu’au XIXe siècle, les premières sociétés d’histoire réunissent des érudits où l’intérêt pour les archives s’entremêle avec l’archéologie, la numismatique, le collectionnement et les musées locaux. À partir des années 1920, des sociétés d’histoire en émergence hors Montréal et Québec participent au mouvement régionaliste de l’époque. Le phénomène de la multiplication des sociétés d’histoire depuis les années 1970, n’est pas sans lien avec l’action citoyenne pour la défense et l’illustration la valorisation du patrimoine, incluant le patrimoine archivistique et les musées de société. Quant à l’intérêt pour la généalogie, il s’agit d’une constante présente à toutes les époques pour bon nombre de ces sociétés.

Les vues d’ensemble contenues dans ce numéro s’enrichissent d’analyses plus spécifiques concernant les sociétés d’histoire anglophones des Cantons-de-l’Est, les ateliers d’histoire dans les quartiers ouvriers de l’est de Montréal, la Société des Dix et son créneau de recherche entre la petite histoire et la grande histoire au fil des générations; s’ajoute également la préoccupation pour le patrimoine qui transcende les époques au sein des sociétés d’histoire, cela en prenant l’exemple de trois cas particuliers. Enfin, ce tour d’horizon ne serait pas complet sans une étude sur le rôle mobilisateur de la Fédération Histoire Québec depuis sa fondation en 1965. À cet égard et en parallèle à ce numéro, il importe de souligner une importante recherche en cours qui a été entreprise par la Fédération en collaboration avec le Laboratoire d’histoire de Montréal (UQAM), sous la direction de Martin Drouin, Alain Roy et MariFrance Charette; cette recherche amorcée en 2020 s’intitule D’« antiquaires » à agents mémoriels : sociétés historiques et associations de citoyens dans la valorisation du passé.

Fernand Harvey