N° 149 : Le Québec, nid d'espions communistes ?

La vie d’un homme, enfouie dans ses archives

Fouiller dans les archives personnelles d’un homme n’est pas chose aisée. On ouvre ses cartons avec délicatesse, les yeux parcourent avec avidité ses lettres manuscrites, sans trop de repères. Les mains tournent les pages des journaux qu’il a accumulées. Il faut constamment prendre des notes pour relier les informations avec l’espoir de reconstituer le puzzle mémoriel.

Après plusieurs semaines de lecture, la personnalité derrière ce tas de papier commence à émerger. C’est de cette façon que j’ai rencontré pour la première fois le professeur Raymond Boyer, né en 1906 et décédé en 1993. Sa troisième épouse, Marguerite Taillefer et sa fille Élise Boyer venaient de me confier plusieurs caisses de documents. Leur demande : utiliser ce matériel pour raconter un pan de l’histoire de ce Québécois généreux aux multiples carrières scientifiques. Difficile de choisir le bon moment au sein d’une vie riche en rebondissements.

Ce numéro de Cap-Aux-Diamants va donc lever le voile sur une mystérieuse organisation chargée de collecter des secrets pour l’URSS. Les auteurs de ce numéro ont exhumé des archives pour dessiner le portrait d’autres personnages impliqués dans le réseau.

Les scellés d’une perquisition de la GRC et les photos d’un fonctionnaire russe, un sac sur la tête pour protéger son anonymat, ont achevé de me décider : elles m’ont projeté dans le tumulte de l’affaire Gouzenko. Raymond Boyer a été directement impliqué en 1946 dans la révélation de ce réseau d’espions communistes au Canada. Accusé d’avoir livré des secrets militaires à l’URSS, il a été jugé et incarcéré à Montréal en 1948.

La plupart des documents de Raymond Boyer nous offrent l’occasion de revisiter cet incident canadien aux conséquences internationales, souvent considéré comme le début de la Guerre froide. Ce numéro de Cap-Aux-Diamants va donc lever le voile sur une mystérieuse organisation chargée de collecter des secrets pour l’URSS. Les auteurs de ce numéro ont exhumé des archives pour dessiner le portrait d’autres personnages impliqués dans le réseau. Qu’ils soient connus comme le physicien Klaus Fuchs et le député Fred Rose ou qu’elle soit anonyme et discrète comme l’espionne Freda Linton.

Nouveautés pour le traitement de cette affaire : deux auteurs éclairent le contexte sécuritaire, politique et religieux au Québec et les fuites du Canada, directement reliées à celles du voisin américain. Un seul objectif en tête : vous donner de nouvelles clés de compréhension d’un épisode majeur de notre histoire.

Sylvain Lumbroso